Performance
Imbratoura - إمبراطورة
(english version bellow)
Du Krump de la poésie, de la science-fiction, pour parler d'amour lesbien, de placard, de lutte de libération et de lutte contre l'impérialisme.
"En 2054, dans la ville imaginaire d'Hadra, l'Empire surveille et instrumentalise l'intimité des habitant·es dits de la Zone-de-Non-Être pour les transformer en collaborateurs. Slod, venue de la Zone-d'Être, y rencontre Blue, poétesse de la résistance. Leur amour profond doit rester secret, au "placard". Cette histoire clandestine a un coût tout comme leurs résistances. Slod éprouve la force de leur stratégie et son point d’asphyxie. Alors quand la pression devient insoutenable, une créature lui apparaît, c’est son inconscient. Il ouvre un portail vers un combat épique : pour devenir Imbratoura* et retrouver sa souveraineté, elle doit affronter les monstres intériorisés de l'Empire. L'amour (Al Houb), la danse Krump et la foi partagée avec ses sœurs deviennent ses armes ultimes."
Cette histoire d’amour aborde du « colonialisme de l’intimité » : lorsque la techno-surveillance d’un pouvoir fasciste cible la vie privée des gens pour les faire chanter, pour manipuler, faire taire et plier les corps aux logiques de contrôle et de délation, quelles sont les conséquences psycho-politiques sur l’intime ? Cette pièce rend visible ce qui survit dans l’ombre : une histoire d’amour clandestine. Comment résister quand le système colonial s’abat quotidiennement sur l’être aimé ?
Cette création explore l’auto-science-fiction pour mieux éclairer les enjeux d’aujourd’hui sur le cauchemar politique et les violences silenciées, entre aventure épique, autodéfense et guérison. Une certaine manière de développer une esthétique de la résistance dans l’hybridation des langues, des imaginaires et des disciplines.
Intentions de l'autrice
Dans l'introduction de Peau noire, masques blancs, Frantz Fanon développe l’idée suivante : "les sujets situés au-dessus de la ligne de l'humain vivent dans (…) la « zone de l'être », tandis que les sujets situés au-dessous de la ligne se trouvent dans la « zone de non-être ».
Sept années d’amour caché avec une femme vivant en Zone-de-Non-Être.
La fermeture des frontières en 2020 et les 18 mois de séparation forcée qui ont suivis, ont cristallisé les difficultés jusqu’à provoquer chez moi une implosion volcanique. La situation m'a contrainte à affronter et métaboliser mes propres oppressions intériorisées.
Cette auto-science-fiction répond à une nécessité politique : ne pas laisser le placard gagner, ni l’Empire colonial.
Fissurer les murs d'autocensure en laissant une trace des conséquences psychiques et politiques de vivre au placard tout en représentant la beauté de cet amour, de ce zaouej*. Pour protéger mon ancienne compagne tout en témoignant, j'ai déterritorialisé le récit vers un monde imaginaire. Ce récit devient alors une auto-science-fiction. Avec une matière inspirée du réél, mais déplacée, tordue, queerisée ! Parce que crypter est dans l’ADN des écritures et des vies lesbiennes et de celles et ceux qui vivent en marge et en résistance.
Imbratoura : arabe - Impératrice.
Zaouej : arabe - idée du ou de la partenaire de vie en islam
Générique
Durée : 1h15
Texte : Alexandra Dols
& Alex Mesnil
Dramaturge : Sarah Di Bella
Mise en scène : Alexandra Dols &Alex Mesnil
Chorégraphe : Julien Adjovi (Wrestler)
Interprétation : Alexandra Dols
Danse : @marion.malgabaptisto @a_neevz
Complices : Nadia, Mariam, Asiya, Amira, Rom, Zélia, Nadjate
Création vidéo : Stéphane Privat, Alex Mesnil
Création lumière : Ijjou Ahoudig
Création sonore : Emile Wacquiez
HMC : Elysabeth
Une production de la Cie Hybrid Pulse (Alexandra Dols)
Assistante de production : Emma Nougues et Elysabeth Paurter
Soutiens : la LIG (Fond lesbienne d’intérêt général) et Fundaction
Résidences : Théâtre Ouvert, Anis Gras, CND Centre National de la Danse de Paris, Maison du Goupillou, MPAA, Nouveau Gare au Théâtre, Labo de l'édition, Chapiteau Raj'ganawa, Espace Saad Abssi, Théâtre-Studio d'Alfortville
Poésies additionnelles :
- « This is why we dance » - extrait du poème de Mohamed Al Qurd, tiré de “Rifqa” - Haymarket Books, traduit en français par Ijtihad et Alex, interprété par Ghadir Al Shafie
- « Pour écrire une poésie qui ne soit pas politique, je dois écouter les oiseaux. Et pour écouter les oiseaux, il faut que cesse le bruit des bombes » Marwan Makhloul
- « Vivre libre ou mourir debout, comme les arbres ! » Khodr Adnan, prisonnier politique palestinien tué par l’administration pénitentiaire israélienne.
Musiques additionnelles :
- “Coward” et “Cold war” - Mozarf
- “Mawtini” - interprétation : Murad Swaity I Paroles: Ibrahim Touqan | Musique Mohamed Fleyfel
- “Masâr” - Le Trio Joubran
- "Histoire d’un amour" - Dalida I interprétation : Alexandra Dols
Vidéos additionnelles :
- NASA/Swift/Cruz deWilde (droits réservés)
- Dr Samah Jabr in Derrière les fronts (documentaire) réal. Dols
Dessins :
- Faits par des prisonniers palestiniens © 2020 Addameer Prisoner Support and Human Rights Association
Programmation 2025 :
22 mars - MàD¹⁺² Festival des Mots à Défendre, Théâtre National de Bruxelles
Espace Saâd-Abssi à Gennevilliers (en cours)
Photos : Las Peloch prises au Théâtre National de Bruxelles
Instagram : https://www.instagram.com/p/DBtdmt3iuaK/
Tout public.
Avec une attention particulière pour les 16-25 ans.
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English version
Krump poetry and science fiction to talk about lesbian love, closetedness, the struggle for liberation, and the fight against imperialism.
"In 2054, in the imaginary city of Hadra, the Empire monitors and exploits the intimacy of the inhabitants of the Zone-of-Non-Being to turn them into collaborators. Slod, who comes from the Zone of Being, meets Blue, a poetess of the resistance. Their deep love must remain secret, “in the closet.” This clandestine relationship comes at a cost, as does their resistance. Slod experiences the strength of their strategy and its suffocating nature. So when the pressure becomes unbearable, a creature appears to her: her unconscious. It opens a portal to an epic battle: to become Imbratoura* and regain her sovereignty, she must face the Empire's internalized monsters. Love (Al Houb), Krump dance, and the faith she shares with her sisters become her ultimate weapons."
This love story addresses “colonialism of intimacy”: when the techno-surveillance of a fascist power targets people's private lives to blackmail them, to manipulate, silence, and bend bodies to the logic of control and denunciation, what are the psycho-political consequences on intimacy? This play brings to light what survives in the shadows: a clandestine love story. How can one resist when the colonial system daily crushes the one you love?
This creation explores auto-science fiction to shed light on today's issues of political nightmare and silenced violence, between epic adventure, self-defense, and healing. It is a way of developing an aesthetic of resistance through the hybridization of languages, imaginations, and disciplines.
Author's intentions
In the introduction to Black Skin, White Masks, Frantz Fanon develops the following idea: "subjects above the line of humanity live in (...) the ‘zone of being’, while subjects below the line find themselves in the ‘zone of non-being’. Seven years of hidden love with a woman living in the Zone of Non-Being.The closure of borders in 2020 and the 18 months of forced separation that followed crystallized the difficulties to the point of causing a volcanic implosion within me. The situation forced me to confront and metabolize my own internalized oppressions.
This auto-science fiction responds to a political necessity: not to let the closet win, nor the colonial Empire.Cracking the walls of self-censorship by leaving a trace of the psychological and political consequences of living in the closet while representing the beauty of this love, of this zaouej*.
To protect my former partner while bearing witness, I deterritorialized the story into an imaginary world. This story then becomes auto-science fiction. With material inspired by reality, but displaced, twisted, queerified! Because encryption is in the DNA of lesbian writing and lives, and of those who live on the margins and in resistance.
Imbratoura: Arabic -Empress.
Zaouej: Arabic - idea of a life partner in Islam.